Monsieur le Président de la République,
Faute de traitement ou de vaccin, nous apprenons à vivre avec un virus invisible et insaisissable qui bouleverse profondément nos habitudes. Si le respect des gestes barrières nous permet de limiter la propagation du coronavirus, son facteur de contagion élevé nous oblige à renforcer notre protection individuelle pour éloigner le risque de contamination. Pourtant, le port du masque qui se généralise au nom du principe de précaution sanitaire, ne doit pas poser plus de problèmes qu’il n’en résout.
Au moment où la Chine exporte plus de 4 milliards de masques par mois, et alors que la France vient de commander 1 milliard de masques, nous devons anticiper le risque d’explosion de ces déchets à risques infectieux sur la voie publique. C’est ce constat qui m’a conduit à interpeller votre ministre de l’intérieur afin de renforcer les sanctions pénales pour les auteurs de ces incivilités, compte tenu du risque sanitaire et environnemental qu’elles recouvrent.
Loin des dimensions partisanes, et bien au-delà d’une simple politique de répression, c’est finalement la mise en place d’une politique pédagogique et dissuasive qui doit éveiller les consciences pour promouvoir les comportements responsables.
En effet, la présence d’un virus potentiellement contaminant à la surface de ces masques jetés à terre, représente une menace sanitaire grave pour les agents publics de nettoyage et les enfants qui pourraient accidentellement les toucher. De plus, les nanoparticules friables de polypropylène composant ces masques qui protègent les hommes, risquent d’affecter durablement nos écosystèmes et leur biodiversité.
Outre la menace sanitaire, c’est l’étendue de cette pollution environnementale qui doit nous alerter, car ces masques passant de trottoirs en cours d’eau, finiront inévitablement dans la nature ou dans la mer. Par ailleurs, avec une durée de vie de 450 ans, ces équipements, constituent de véritables bombes écologiques à retardement compte tenu de leurs conséquences environnementales durables pour notre planète.
A l’évidence, une solution sanitaire ne doit pas engendrer une crise environnementale globale. Se protéger, en protégeant la nature, voici l’impératif de raison qui appelle à la mise en place d’une production en masques plus respectueuse de l’environnement. In fine, la confection de « masques verts » doit passer par l’utilisation de matières premières naturelles et non polluantes.
En ce sens, la filière écologique du chanvre rime avec opportunité économique pour la France qui en est le premier producteur mondial. En effet, une fabrication de masques totalement biodégradables à base de chanvre, représente une véritable ouverture écoenvironnementale pour les industriels français du secteur. De plus, la production locale de ces équipements fabriqués en France ayant déjà reçu l’agrément de la Direction Générale de l’Armement, constitue une source de relocalisation et d’approvisionnement stratégique pour notre pays.
Par ailleurs, la collecte, le tri, le recyclage ou la décontamination des millions de masques à usage unique consommés quotidiennement par les français, doivent faire l’objet d’une attention particulière afin de limiter leur empreinte environnementale dans nos sociétés.
Enfin, compte tenu de la gravité sanitaire, et de l’urgence environnementale présentée, je vous invite à mettre en place une campagne de sensibilisation des populations concernant le port et l’usage responsable de ces masques, et à soutenir les initiatives de conception écologique des « masques verts », finalement en totale adéquation avec les préoccupations environnementales de la France.
Vous remerciant par avance pour l’attention particulière que vous porterez à cette démarche, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma très haute considération.