Antibes, le 19 avril 2020

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Monsieur le Premier ministre,

Si la santé n’a pas de prix, les masques en ont un. Aujourd’hui source d’inquiétudes ces masques seront demain l’incontournable équipement sanitaire de notre futur déconfinement qui attisera fortement sa convoitise. La distribution gratuite de ces masques par les services de l’Etat ou les Collectivités doit demeurer la règle, néanmoins l’extrême contagion du coronavirus nous oblige également à anticiper l’approvisionnement individuel de chaque français.

​​Actuellement, l’article 12 du décret 2020-293 pris par le Gouvernement dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire portant réquisition des stocks de masques sur le territoire national, interdit toute commercialisation de ces équipements afin d’en assurer un accès prioritaire aux professionnels de santé luttant contre le           Covid-19. Bien que cette réquisition fût légitime compte tenu des tensions d’approvisionnement sur ces produits, la relance de la production industrielle chinoise ainsi que les disponibilités des réseaux spécifiques de nos pharmacies normalisent peu à peu ce marché.

L’espoir d’une stabilisation de l’épidémie française conjuguée au futur déconfinement progressif évoqué par le Président de la République à compter du 11 mai prochain, suscitent l’angoisse de chacun et nourrissent l’inquiétude grandissante de nos concitoyens qui s’interrogent sur ce droit au masque devenu anxiogène. Face à ce constat, je propose au Gouvernement d’autoriser les pharmacies à s’approvisionner dès à présent en masques destinés au public afin d’anticiper les futurs besoins de la population française, qui assureront d’ailleurs une disponibilité immédiate de ces équipements réquisitionnables pour l’Etat en cas de force majeure.

Mesurant néanmoins la menace que cette opportunité pourrait engendrer sur nos stocks stratégiques, j’invite le Gouvernement à fixer une quantité et un prix maximal de revente de ces masques par décret. Pris sur le modèle de l’encadrement de prix de nos gels hydroalcooliques et des quantités de paracétamol, cette autorisation permettra d’éviter toutes spéculations ou reventes disproportionnées de ces produits indispensables à la prévention sanitaire qui pourraient également atteindre des prix inacceptables.

Enfin, considérant que nos pharmacies constituent le front de l’approvisionnement sanitaire des français, j’invite le Gouvernement à autoriser cette commercialisation raisonnable des masques destinés au grand public, garante d’une diffusion contrôlée et linéaire de ces équipements essentiels.

​​​​En responsabilité, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’expression de mes profonds respects.

Eric PAUGET​​