La question de la hausse des refus d’obtempérer, délits définis par notre code de la route, est devenue un sujet majeur à la fois du débat sécuritaire et du débat politique.

Le constat est édifiant et les chiffres éloquents: 27 000 refus d’obtempérer en 2023, soit 75 par jour, un toutes les 20 minutes ! Près d’un refus d’obtempérer routier sur cinq impacte d’autres usagers de la route et en 2023, quelque cinq cents refus d’obtempérer ont mis en danger des forces de l’ordre.

Éric Comyn, adjudant de Gendarmerie blessé mortellement le 26 août dernier à Mougins en est hélas la nième victime.  

Alors, quand les drames se répètent, deviennent récurrents, ils revêtent un caractère sociétal et on ne peut plus parler de faits divers, mais d’un grave délitement du respect de l’autorité publique.

La peur du gendarme et du policier n’est plus dissuasive pour ceux qui conduisent dangereusement, sans permis, sans assurance, ou encore sous l’emprise de stupéfiants faisant de leur véhicule une arme par destination.

Face à ces drames, le responsable politique que je suis, engagé dans la lutte contre les violences routières et voulant introduire dans notre droit le refus d’obtempérer comme circonstance aggravante, est révolté et s’interroge.

Comment expliquer que l’on attaque les symboles de la République et que l’on bafoue ainsi ses règles et ses lois ?

Que s’est-il passé dans notre société pour que des délinquants de plus en plus nombreux, récidivistes et souvent mineurs, portent atteinte à l’intégrité physique des détenteurs de l’autorité publique ?

Quand la violence gagne ainsi notre société, nous ne pouvons plus nous bercer de mots et nous contenter de l’hommage régulier de nos dirigeants aux victimes de ces refus, une main tremblante sur le cœur…

Alors que nos forces de l’ordre qui oeuvrent pour notre sécurité font preuve d’un sens du devoir et d’un dévouement de tous les instants, force est de constater que confrontée au mépris grandissant des règles communes de certains, notre justice, comme tétanisée par l’ampleur d’un phénomène ou prisonnière d’une idéologie de l’excuse à bon compte et d’une tolérance de salon, ne répond plus à la demande légitime d’ordre et de protection de nos concitoyens.

Eléments finaux de la chaîne de sécurité, les décisions rendues teintées d’angélisme confinent dans bien des cas au laxisme sécuritaire qui brisent des vies et des familles. 

Alors que valent les augmentations annuelles du budget de la justice si elles ne s’accompagnent pas de la volonté politique, en bout de chaîne pénale, d’agir concrètement ?

Il est donc indispensable de renforcer la fermeté des sanctions en les rendant réellement dissuasives par une application effective de l’arsenal des peines encourues dès le premier délit et en rétablissant les peines planchers. Cette fermeté devra s’accompagner de réponses concrètes à la détresse des familles des victimes si souvent livrées à elles-mêmes.

Nous ferons ainsi changer la peur de camp afin que notre Etat de Droit redevienne un Etat qui veille à la sécurité de tous.

Parce que je serai toujours aux côtés de ceux qui nous protègent et qui protègent les plus faibles, j’appelle de mes vœux un choc de sécurité et d’autorité passant par un équilibrage de nos mécanismes institutionnels et donnant toute sa place à notre justice au sein d’un continuum de sécurité élargi, allant de toutes nos forces de police, qu’elles soient municipales ou nationale, à la gendarmerie et aux autorités judiciaires.  

Nous renforcerons ainsi les fonctions régaliennes de notre République et notre sécurité. 

« Quand l’Etat est faible nous périssons » nous disait Paul Valery !

Alors, faisons de la fermeté l’exigence de l’action. 

Le temps est venu !