Eric PAUGET
Député des Alpes-Maritimes
Membre de la Commission des Affaires Economiques
Réf. : EP/PA /SL/076-2020

 

                                                                                          Monsieur Edouard Philippe
                                                                                          Premier ministre
                                                                                          Hôtel de Matignon
                                                                                          57, rue de Varennes
                                                                                          75007 PARIS.

Monsieur le Premier ministre,

Je souhaite attirer votre attention, à l’occasion de la journée internationale de lutte contre la faim, sur l’impérieuse nécessité de soutenir l’engagement et l’action de nos associations caritatives qui se retrouvent aujourd’hui amenées à devoir gérer une quasi-situation d’urgence humanitaire.

A l’évidence, la crise sanitaire du coronavirus qui frappe durement notre pays, a provoqué un raz-de-marée économique et social sans précédent.

En effet, par-delà les 28 800 morts et les 151 000 personnes contaminées que compte notre pays, elle a paralysé notre économie pendant près de deux mois et a engendré de nombreuses cessations d’activités ainsi qu’une hausse très importante du taux de chômage, comme en témoigne l’inscription des 850 000 demandeurs d’emplois supplémentaires au mois d’avril dernier.

D’ores et déjà, les conséquences sont désastreuses tant de nombreux petits métiers durement touchés n’ont pas survécu.

Bien souvent, beaucoup de travailleurs pauvres ont perdu leur emploi déjà précaire, et de trop nombreux salariés se sont retrouvés par la force des circonstances, du jour au lendemain, au chômage partiel ou total.

Par ailleurs, la fin de la restauration scolaire en grande partie supportée par les communes, conjuguée à la hausse du prix de certaines denrées, ont généré des dépenses alimentaires supplémentaires pour les familles et les ont faites, pour nombre d’entre elles, basculer dans une situation de précarité.

Désormais, les populations économiquement les plus fragiles, étudiants, mères de familles, personnes âgées, sont brutalement passées de la précarité à la pauvreté et viennent grossir le cortège de ceux qui survivent habituellement grâce à la générosité de ces associations caritatives.

Ainsi, depuis le début de la crise, la Fédération Française des Banques Alimentaires a enregistré une hausse de 20 à 25% de distribution de ses stocks au profit des plus démunis, alors que la Croix-Rouge Française et les Restos du cœur sont débordés par le nombre de demandes en augmentation exponentielle. Dans le même temps, le Secours populaire français qui a distribué plus de 3 millions d’euros de chèques-service en deux mois, a aussi vu ses dispositifs d’aide augmenter de 45% par rapport à l’exercice précédent.

Bien que ces associations caritatives aient constaté une hausse spontanée des dons durant la période de confinement, elles s’inquiètent des incidences de la forte augmentation des besoins en aide alimentaire qui risque de s’accentuer dans les mois à venir, l’état d’évolution de la situation d’ici la fin de l’année étant difficilement prévisible.

Malgré l’équivalent de 315 millions d’euros d’achats massifs de denrées alimentaires début mai par le Secours populaire français et le déblocage par le Gouvernement d’une enveloppe de 39 millions d’euros distribués aux associations pour financer des achats de denrées, toutes ces structures s’alarment unanimement de l’allongement des files d’attentes et des demandes d’aides auxquelles elles doivent faire face.

Dès le mois de mars dernier, anticipant la gravité de cette profonde crise sociale, j’avais alors pris le soin de vous interpeller, par le biais d’une question écrite, sur l’impérieuse nécessité de soutenir l’engagement de ces associations caritatives en leur reversant le produit des amendes dressées pour non-respect des règles du confinement.

Cette initiative étant restée à ce jour lettre morte et devant la précarité qui va grandissante dans notre pays, je me permets aujourd’hui d’attirer solennellement votre attention sur l’urgence de soutenir ces associations caritatives. Elles forment un des derniers remparts sociaux contre l’exclusion et la pauvreté.

A l’heure où nombre de nos concitoyens en détresse appellent le 115 afin d’informer ses services qu’ils n’ont pu s’alimenter depuis plusieurs jours, et alors même que le Préfet du département de Seine Saint-Denis s’alarme justement d’un possible risque d’émeutes de la faim, je suis convaincu que ce risque d’effondrement de notre chaine de solidarité doit tous nous alerter.

Aussi, par-delà les limites juridiques et budgétaires empêchant toute affectation directe et ciblée desdites amendes dressées pour non-respect des règles de confinement dont le montant s’élève à plusieurs dizaines de millions d’euros, je sollicite votre bienveillant engagement politique, afin que soit reversés ces excédents contraventionnels au profit de nos associations humanitaires qui sont pleinement mobilisées sur le front de cette guerre contre la misère sociale.

Je vous remercie à l’avance de l’intérêt que vous porterez à ma démarche et vous prie d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de ma très haute considération.

Eric PAUGET

 

Ce courrier est cosigné par Mesdames et Messieurs 

 

Damien Abad (Président du groupe parlementaire Les Républicains),

Annie Genevard,
Guillaume Peltier,
Virginie Duby-Muller,
Julien Aubert,
Emmanuelle Anthoine,
Patrick Hetzel,
Marine Brenier,
Robin Reda,
Véronique Louwagie,
Julien Dive,
Laurence Trastour-Isnart,
Xavier Breton,
Frédérique Meunier,
Jean-Claude Bouchet,
Jacques Cattin,
Pierre Cordier,
Laurent Furst,
Claude de Ganay,
Brigitte Kuster,
Jean-Louis Masson,
Gérard Menuel,
Jérôme Nury,
Bérengère Poletti,
Didier Quentin,
Alain Ramadier,
Frédéric Reiss,
Vincent Rolland,
Martial Saddier,
Jean-Marie Sermier,
Eric Straumann,
Pierre Vatin,
Michel Vialay,
Arnaud Viala,
Jean-Pierre Vigier,
Stéphane Viry,
et Phillippe Gosselin
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